Faisabilité de l’hôpital militaire de Béchar enAlgérie – 2015 –  

Programme : 50 000 m²

 

L’implantation sur le terrain découle de la rationalisation des lignes de niveaux. Ainsi, la plus grande longueur de notre projet suit la topographie du Sud-Ouest au Nord-Est. Il est ceint par les aires de stationnements. Les bâtiments techniques annexes se placent en périphérie, tel l’héliport qui se trouve toutefois à proximité directe du futur accès aux urgences.

Notre philosophie est celle d’un bâtiment modulaire autorisant la plus grande souplesse d’utilisation selon les différents services ainsi que le respect de la distinction des flux.  Nous projetons plusieurs grands  modules de quatre niveaux sur sous-sol, plus un entresol technique; chaque niveau représente environ 1000m². Des modules  plus petits de liaisons rythmeront le bâti. Ainsi la lecture de l’ensemble et son confort sont ramenés à une échelle « humaine » malgré la taille importante du complexe.  Son exploitation et son évolution future en seront facilitées.

L’intégration du projet dans son environnement et la prise en compte des facteurs climatiques locaux  (désert, tempête de sable, delta de température) nous ont amenés à une solution de façade en « dévers surplombant », qui les abrite de fait, ce qui limite l’accumulation de poussière de sable sur les huisseries et ombrage naturellement les parties vitrées aux heures les plus ensoleillées. Les vitrages sont volontairement limités au strict nécessaire afin de mieux contrôler les échanges thermiques. La couleur ocre entre sable et brique est choisie, liant ainsi le projet dans les tons régionaux. Le gris des modules de liaisons mettra en valeur cet ocre par un dialogue simple mais noble. L’ensemble s’affranchissant volontairement de la couleur blanche par trop systématique des hôpitaux. Les revêtements prévus prennent en compte une isolation rigoureuse du bâti en fonction des écarts importants de températures entre jour et nuit. Un bardage ventilé extérieur fera écran aux rayons solaires en amont des mur eux-mêmes dotés d’un double isolant.

L’ensemble se déploie autour d’un grand patio-jardin ombragé, procurant au linéaire de façades intérieures une vue apaisante. Cette disposition d’un bâtiment autour d’un jardin central s’inspire naturellement de la mémoire d’art nord africaine et orientale. Ce patio sera bordé d’une galerie périphérique et largement vitrée. Il sera également traversé par quelques passerelles facilitant les transferts entre certains modules. Les vues des façades extérieures sont également étudiées avec soin notamment par le traitement paysagé des abords et des aires de stationnement.

Enfin les terrasses en toitures seront surplombées par un treillis solaire ; il tamisera la lumière solaire tel un moucharabieh horizontal afin de procurer une ambiance conviviale à ces espaces, lesquels seront considérés comme de véritables lieux de vie. Les parties pleines de ce « treillis » seront des panneaux photovoltaïques. Ceux ci assuront, dans notre modernité d’énergie renouvelable, un support électrogène supplémentaire à l’hôpital  ainsi qu’un équilibre énergétique (sur la climatisation/réfrigération et l’eau chaude sanitaire notamment).

Le treillis-moucharabieh solaire sera de longueur « aléatoire » sur ses franges afin de créer un élan maniériste, soit  l’amorce d’un mouvement de croissance de cette toiture par delà le bâti, équilibrant ainsi par un sentiment de vitalité les modules très monolithiques du projet.

Cette chimie procurera aux patients, à leurs visiteurs, et aux personnels de l’hôpital la certitude d’évoluer dans une architecture travaillée mais sans ostentation,  moderne mais ancrée dans l’identité algérienne. Un lieu où le souci de qualité et d’efficacité traduisent  une volonté de la plus grande attention aux soins prodigués.